jeudi 23 décembre 2010

Confessions d'un exilé


Interview de J-C Sensemat pour ENTREPRENDRE

Jean-Claude Sensemat est un Homme d’Affaires né en 1951 dans le Gers. Pionnier dans le commerce international d’outillage, sa carrière Française atteint son apogée dans les Années 90 où Il achète et relance la marque horlogère Lip. Depuis 2002, il a confié l’exploitation de cette marque sous licence. En 2006, Jean-Claude Sensemat et sa famille immigrent au Canada où ils sont reçus, au Québec, comme Gens d’Affaires investisseurs.
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- Aujourd'hui quel bilan faites-vous de votre carrière d'homme d'affaires en France ?

J’ai toujours eu envie de créer et de faire prospérer mes affaires.
J’ai rencontré le succès très jeune.
Mon entreprise a été classée par la presse dans les plus performantes de France, puis à titre d’Entrepreneur j’ai été classé 150 ième fortune professionnelle dans les années 90.
Mon bilan a été des plus positifs jusqu’en 2000.
J’ai créé des emplois et des richesses pour mon département le Gers, ma région et mon pays et cet élan a été stoppé en 2000 par un juge et un auxiliaire de justice.
Cet auxiliaire de justice corrompu a été radié à vie et condamné à quatre ans de prison.
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- Vous avez connu succès, distinctions mais aussi attaques diverses, qu'est-ce qui vous marque le plus ?
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La jalousie est un fléau Français des plus graves.
Entreprendre est un péché dans l’esprit des Français car, pour une majorité, il ne peut y avoir d’entrepreneurs qui réussissent honnêtement, même si j’ai eu à être victime de certains.
Ce défaut d’image est grave pour les futures générations.
Ce qui m’a le plus marqué c’est l’acharnement aveugle de la Justice Française même quand elle a tord. L’irresponsabilité dans laquelle elle se drape, sous couvert de son corporatisme et en toute impunité, est très dommageable pour la France.
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- En quoi est-ce différent de ce que vous vivez et construisez au Canada ?
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Le Canada, c’est l’Amérique du Nord, le Québec une terre d’accueil à peupler et sûrement un nouvel Eldorado.
Ici, tout est possible.
L’entrepreneur est fêté parce qu’il créé des emplois et personne ne trouve à redire sur ce qu’il gagne, le principal est de travailler pour nourrir sa famille et faire de l’argent pour vivre.
Pour ma part, j’y développe mes valeurs mobilières en harmonie avec mes partenaires bancaires.
J’ai également investi dans l’immobilier de luxe en plein centre de Montréal, ville d’avenir, qui n’est qu’à une heure d’avion de New- York.
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- Recevoir la nationalité canadienne parce que vous investissez qu'est ce que cela signifie pour l'homme d'affaires que vous êtes ?

On ne reçoit pas la nationalité Canadienne parce que l’on investit dans le pays.
On la reçoit parce que l’on vit dans le pays, qu’on y travaille et que l’on s’intègre dans sa vie et sa culture.
C’est le choix que nous avons fait, ma famille et moi-même, il y a quelques années en nous installant à Montréal.
Aujourd’hui nous sommes des résidents permanents du Canada mais la nationalité Canadienne viendra en son temps.
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- pour le citoyen ?
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Au Québec, tout est fait pour aider, pour faire avancer.
L’administration est là, pour l’homme d’affaires comme pour le particulier, pour vous maintenir au milieu de la route alors que dans certains cas, en France, on se plait à vous pousser dans le fossé. Ici cela n’existe pas.
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- Quel regard portez-vous sur l'image des entrepreneurs français ?
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L’entrepreneur Français est un créatif.
Désormais, pour entreprendre en France, il faut être masochiste et avoir la capacité à être mal aimé dans son pays, car entreprendre en France est un acte qui marginalise dans l’Hexagone.
Pourtant la France a un grand besoin d’entrepreneurs. Le citoyen Français doit impérativement comprendre et assimiler que rien ne se peut sans entrepreneur et que son futur dépend de ceux qu’il critique.
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- Sont-ils mal aimés, mal perçus ... pourquoi ?
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Les années socialistes de la France ont détruit la réalité de ce qu’étaient l’économie et le travail en faisant croire au peuple que l’État pouvait tout. Que l’État a des finances sans fin alors que la réalité est tout autre. Il est aisé de s’en apercevoir en voyageant, en vivant ou en travaillant à l’étranger. La pensée populaire Française reste une exception culturelle erronée quant à sa vision économique du monde.
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- Qu'en est-il au canada ?
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Au Canada, il n’y a pas de romantisme dans la vie ou dans les affaires. Les choses vont vite. L’entrepreneur est un de ces cowboys, quand il dégaine vite, il est fêté. S’il est trop lent, il est mort. Ici, l’essentiel est de travailler et faire travailler pour faire vivre sa famille. Le repos et les loisirs, institués comme dans la pensée collective Française « en priorité » est un superflu de pays qui se croit « riche » et qui n’a pas court dans la mentalité Canadienne.
Il faut savoir que le système bancaire est accompagnant surtout si vous avez une bonne idée.
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- Quel regard portez-vous sur l'entreprenariat français ?
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L’entreprenariat français est handicapé par des structures trop lourdes, trop formalistes, comme son trop grand nombre de chambres consulaires par exemple.
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- Quels sont ses particularités ?
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La créativité est connue et reconnue mais elle n’est pas toujours suivie de l’effort nécessaire pour arriver jusqu’au but, jusqu’au succès.
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- Ses bons points ?
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Parfois, l’entreprenariat résiste et triomphe de ces pesanteurs sociales et cela donne PPR, LVMH et bien d’autres malgré tout.
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- Ses mauvais ?
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L’entreprenariat français est trop souvent plombé par des incubateurs, des pépinières d’entreprises et autres qui n’ont que le mérite de donner un emploi à ceux qui les dirigent.
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- Quel regard portez-vous sur la politique économique de la France ?
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Grâce à la politique du Président Sarkozy et du Gouvernement la France a une action des plus positives malgré la crise économique que le Monde connaît. La France est handicapée par une couche sociale de gens qui ne comprennent pas les impératifs et les règles de l’économie mondiale. Ils sont maintenus dans cette idée par les syndicats qui les laissent dans l’ignorance pour des raisons électorales.
Il faut savoir qu’à l’International, la France est moquée pour son incompréhension et sa méconnaissance du jeu mondial et à son opposition à toute réforme.
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- Qu'est-ce que le gouvernement pourrait faire pour améliorer la situation des entreprises françaises ?
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La première réaction du gouvernement devra être de Libérer le travail et laisser les entrepreneurs gérer, il faut donc fêter l’entreprise et les entrepreneurs qui sont seuls à créer des richesses et à pouvoir remplir les caisses de l’État.
Exiger du monde bancaire qu’il fasse son métier de banque et non pas de spéculer avec l’argent des épargnants.
Je pense que la commission Attali est une bonne source d’inspiration pour le Gouvernement même si cela reste difficile à mettre en œuvre, car elle se heurte au lobby en place comme la réduction de l'administration, avec la suppression des départements, la réduction du nombre de communes ou des conseils généraux.
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- Ici les médias ont tendance à opposer les ménages à faibles revenus qui ont du mal à surmonter la crise aux profits et niches fiscales dont bénéficient les grands groupes. Qu'en pensez-vous ?
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Encore une fois on attise la jalousie et pousse les classes sociales les unes contre les autres mais on ne parle pas de travailler ensemble.
Le travail d’harmonisation de l’impôt est en réflexion au sein du Gouvernement Français.
La France est gravement endettée et doit trouver des ressources et doit faire en sorte que les grands groupes comme les petites sociétés créent des emplois surtout pour les ménages à faibles revenus.
Réflexion sûrement basique mais n’oublions pas que ce qui est bon pour l’entreprise est profitable pour les salariés.
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- Quel regard portez-vous sur l'emploi en France ?
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La désindustrialisation de l’Europe au profit de la Chine est désormais effectuée en France comme dans tous les autres pays de la communauté Européenne y compris l’Allemagne.
Si l’Allemagne a des résultats étonnants pour un Français, c’est que la notion de travail en Allemagne est différente comme elle l’est dans une majorité des pays à travers le monde. Plus généralement les Français ont perdu le sens de l’humilité, chacun perd la notion de ce qu’il est vraiment dans la société car chacun pense qu’il est à la hauteur de faire le job de l’autre.